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Au commencement était le suif...
Depuis l'époque où l'on trempait bâtons et tiges de roseaux dans de la graisse animale fondue pour s'éclairer jusqu'à celui, actuel, où la tendance est aux cires végétales et aux sources d'énergie renouvelables, en passant par le grand essor de la paraffine, que d'évolutions et d'améliorations !
Chaque époque a connu sa cire de prédilection (souvent, c'était aussi la seule disponible, la plupart du temps pour des raisons économiques) et aujourd'hui, ce sont trois types principaux de cire qui sont disponibles pour l'amateur de création de bougies.
Ces trois grandes familles sont les cires d'origine animale, minérale et végétale.Comme je le disais dans l'introduction, pendant longtemps, c'est le suif, un extrait de la graisse animale qui a constitué le "carburant" de base pour ce qu'on ne pouvait pas encore appeler des bougies. Au mieux, c'étaient des tiges de roseaux ou tout autre matériau un tant soit peu spongieux que l'on plongeait répétitivement dans le suif et que l'on allumait à l'intérieur des chaumières.
Seulement voilà, s'il n'était pas cher et facilement trouvable, le suif ne présentait à part ce fait que des inconvénients: il brûlait et éclairait mal, répandait une odeur pestilentielle et dégageait, pour tout arranger, une épaisse et âcre fumée noire. Pas vraiment l'image qu'on se fait d'un romantique dîner aux chandelles!
Une autre cire d'origine animale remplaça peu à peu le suif: la cire d'abeille. Infiniment plus agréable à faire brûler en raison de sa douce odeur et de l'absence de fumées et, point non négligeable, brûlant plus proprement et beaucoup plus longtemps que le suif, cette cire "de luxe" n'était malheureusement pas à la portée de toutes les bourses. Pendant encore longtemps, les plus pauvres durent se contenter de suif.
En Chine, on élève industriellement un insecte nommé Ericerus pe-la (ou un autre appelé Ceroplastes ceriferus) qui produit une substance cireuse. La plus grande partie des bougies produites en Chine sont fabriquées avec la cire provenant de ces insectes.
Au début des années 1800, la découverte de la paraffine (sous-produit du raffinement du pétrole) changea la face du monde des bougies.
Aujourd'hui, la toute grande majorité des bougies vendues à travers le monde est composée en tout ou en grande partie de paraffine, aisément accessible, peu chère et (relativement) facile à travailler.
L'intérêt grandissant du public pour des bougies de plus en plus belles, originales et odorantes a eu pour résultat d'encourager les producteurs à proposer de plus en plus de variétés différentes de paraffines: certaines sont spécialement prévues pour certains types de bougies (par exemple les Conteneurs ou les Ouragans) de par leur point de fusion plus ou moins élevé ou leur élasticité.
Les microcristallines sont une espèce un peu à part elles aussi, et servent la plupart du temps comme additif ou dans des cas bien particuliers.
On a même vu apparaître des formules spécialisées, dites à effets spéciaux, qui donnent par exemple à la bougie qui en est faite un look marbré, floconneux ou craquelé.
En Amérique, au temps des pionniers, on faisait bouillir les baies de myrte et on récoltait à la surface de l'eau une substance cireuse avec laquelle on fabriquait des bougies fort parfumées et qui brûlaient fort bien. Ce genre de cire est toujours fabriqué aujourd'hui, mais en raison du nombre de baies nécessaires à l'obtention d'une quantité minime de cire, la cire de myrte (bayberry wax, en anglais) est probablement l'une des plus chères du monde.
Bien que la paraffine soit largement disponible et ce à un prix relativement bas, son origine (le pétrole, une énergie non renouvelable) a amené le public à demander un équivalent plus "naturel" produit à base de ressources renouvelables. Comme là où il y a une demande, l'offre n'est pas loin, certains producteurs ont mis sur le marché une cire produite à base de soja (si bien que je commence à me demander ce qui n'est pas réalisable avec du soja). Cette cire présente l'avantage, en plus d'être 100% naturelle, de produire moins de suie (si tous les paramètres de la bougie sont optimaux) que la paraffine.
Mais le soja (ou en tous cas sa production toujours plus importante) a l'exécrable réputation d'être en partie responsable de la disparition inexorable des forêts amazoniennes. Alors plus récemment, c'est une plante moins exigeante et surtout largement cultivée depuis des siècles un peu partout sur le continent européen qui semble destinée à prendre la relève: le colza. La cire de colza, même si elle est légèrement plus chère et considérablement plus difficile à mettre en oeuvre, a considérablement gagné en popularité au cours des dernières années. C'est la cire de choix pour tous ceux qui font le choix de l'environnement et ne sont pas rebutés par une bougie qui a un caractère bien à elle et peut présenter des effets de surface que certains pourraient qualifier de "défauts".
Une autre cire végétale est dérivée d'un type de palmier poussant au Brésil, le Copernica prunifera, et s'appelle cire de Carnauba. D'autres types de palmiers, comme le Ceroxylon alpinum, d'Amérique du Sud, produisent aussi une substance cireuse. La cire produite est alors appelée cire de palmier (palm wax, en anglais).